Книга: Murdoch I. «Living on Paper Letters from Iris Murdoch 1934-1995»

MURDOCH (I.)

MURDOCH IRIS (1919- )

Originaire de Dublin, Iris Murdoch fut professeur de philosophie avant de se consacrer à la littérature (elle a publié un très bon livre sur Sartre: Sartre, Romantic Rationalist , 1953). Elle est l’un des romanciers contemporains les plus prolifiques; entre 1954 et 1973, elle a publié de nombreux romans, pour la plupart traduits en français, ce qui permet de juger de son audience: Dans le filet (Under the Net , 1954), Le Séducteur quitté (The Flight from the Enchanter , 1957), La Cloche (The Bell , 1958), Une tête coupée (A Severed Head , 1961), Une rose anonyme (An Unofficial Rose , 1963), La Licorne (The Unicorn , 1963), La Gouvernante italienne (The Italian Girl , 1964), Le Rouge et le Vert (The Red and the Green , 1965), Le Temps des anges (The Time of the Angels , 1966), Les Demi-Justes (The Nice and the Good , 1968), Le Rêve de Bruno (Bruno’s Dream , 1969), Une défaite assez honorable (A Fairly Honourable Defeat , 1970), An Accidental Man (1971), The Black Prince (1973). Romancière-philosophe, elle donne souvent l’impression d’illustrer un certain nombre d’idées et de situations par des personnages qu’elle manie parfois comme des marionnettes. Iris Murdoch, à qui il faut reconnaître une invention extraordinaire et une maîtrise éblouissante dans la conduite du récit (qui s’apparente parfois au roman policier), crée un monde très peu conventionnel, où universitaires, artistes, intellectuels de tous ordres, pathétiques et comiques à la fois, tentent de résoudre leurs problèmes existentiels — l’image du filet, sorte de réticulation des êtres, à la fois barrage et lien, qui est au centre de cette œuvre, indique la difficulté d’appréhender l’«autre». L’amour, quelle que soit la forme qu’il prenne, s’il est vrai, est la seule grande force capable de sauver l’homme, de lui donner la liberté, «notre capacité à imaginer l’être des autres», et aussi de le faire progresser sur la route du bien. On le voit, cette romancière offre une vision aiguë et passionnante de l’homme, mais sa faiblesse — malgré l’admiration très vive qu’elle éprouve pour les grands maîtres du roman anglais du XIX^e siècle, notamment, Jane Austen et George Eliot — reste la création des personnages, qui deviennent rarement des êtres autonomes «de chair et de sang» et semblent même parfois, quand à la dernière page le souffle de leur génitrice cesse de les animer, pouvoir être rangés au magasin des accessoires, en attendant un autre usage tout aussi brillant.

Auteur régulier et prolixe, Iris Murdoch a encore donné La Mer, la mer (1978), quelques jours de la vie d’un vieil acteur retiré du monde, Henry et Caton (1982), histoire de deux fils prodigues; L’Élève du philosophe (1983) et encore L’Apprenti du Bien (1985) et Le Message à la planète (1989).