Книга: Powell M. «In Company Elementary Teacher's Book»

POWELL (M.)

Michael POWELL 1905-1990

Né à Bekesbourne, près de Canterbury, Michael Powell exerce de nombreuses fonctions dans le milieu cinématographique: assistant de Rex Ingram, scénariste, interprète et réalisateur de courts sujets. Il réalise en 1937 son premier long-métrage, Edge of the World (À l’angle du monde ), dans les îles Shetland: la critique le compare alors à Flaherty. Il enchaîne, en 1938, avec The Spy in Black (L’Espion en noir ) avec Conrad Veidt, récit qui mêle habilement le genre du thriller et celui du film de guerre. Le scénariste en est déjà Emeric Pressburger, qui allait être son collaborateur pendant plus de quinze ans. Alexander Korda, un des «tycoons» des studios anglais, lui confie la coréalisation du Voleur de Bagdad (1940), flamboyant remake de l’œuvre éponyme tourné par Raoul Walsh en 1924. Le film, commencé dans les studios anglais, est terminé à Hollywood et sera primé pour les meilleurs effets spéciaux. Ensuite, Powell contribue à l’effort de guerre en réalisant 49^e Parallèle (1941) avec Laurence Olivier, Contrebande et Un de nos avions n’est pas rentré (1942).

Powell ne conçoit pas ces films comme de simples œuvres didactiques à vocation propagandiste: ce sont au contraire des productions très stylisées, magnifiant le tirage en noir et blanc. En 1943, il produit, écrit et réalise avec Emeric Pressburger Colonel Blimp, une épopée au Technicolor très travaillé, et très représentative du style du cinéaste. Il s’agit en effet d’une vision onirique de faits «réels». À l’image d’un plasticien, Powell a une interprétation à la fois symbolique et abstraite de la réalité.

Le cinéaste a également fondé en 1943, avec Pressburger, la maison de production The Archers. Tous deux vont signer alors les trois films les plus connus de leur carrière: Une question de vie ou de mort (1946), Les Chaussons rouges (1947), Le Narcisse noir (1947), trois expressions inclassables du genre fantastique, de la comédie musicale, du film d’aventures hollywoodien. C’est aussi le triomphe du cinéma de studio: Le Narcisse noir , par exemple est censé se dérouler sur les sommets de l’Himalaya. Avec Les Chaussons rouges Powell anticipe le film-opéra et donne à la comédie musicale une dramatisation, une représentation du ballet plus cruelle et plus fantasmagorique que dans les studios américains. Jouant sur un registre identique, il ne retrouvera pas la même perfection dans Les Contes d’Hoffmann (1951) tout aussi raffiné mais plus inégal. En 1950, à la demande de David O’Selznick, Powell a dirigé la comédienne Jennifer Jones dans une adaptation de La Renarde , roman de Mary Webb. Le film, tourné en deux versions, américaine et anglaise, exploité sous deux titres différents (Gone to Earth en Grande-Bretagne, Wild Heart aux États-Unis), ne fut pas très bien accueilli. Le travail sur la couleur demeure pourtant admirable. Le cinéaste enchaîne avec une version divertissante du roman de la baronne Orczy, Le Mouron rouge (1950). Mais durant les années 1950, à l’exception de La Bataille du Rio de la Plata (1956), fresque documentaire, les films de Powell sont moins surprenants. Il retrouve toute sa maîtrise en 1960, avec le célèbre Peeping Tom (Le Voyeur ). Là, il mêle habilement psychanalyse, narration «gothique» et fragments oniriques à la manière d’André Delvaux. Pour les amateurs de fantastique, le film est devenu un classique et a ouvert la voie aux productions de Ken Russell ou de Peter Greenaway. L’œuvre fut pourtant très mal accueillie à sa sortie.

On reprochait au cinéaste de tourner des films expérimentaux à l’intérieur du système. Il s’exile alors en Australie et tourne They’re a Weird Mob (1966) et Age of Consent (1969), avec James Mason. De retour en Angleterre, il réalise en 1972 un moyen-métrage, The Boy who turned yellow , récit de science-fiction qui remporte le prix de la Children’s Film Fondation. En 1978, il tourne de nouvelles scènes en Technicolor qu’il insère dans son premier film The Edge of the World . Le nouveau titre d’exploitation du film sera Return of Edge of the World . Ce sera sa dernière réalisation. L’œuvre de Powell témoigne d’une variété extraordinaire: le néoréalisme documentariste y est parcouru de visions d’esthète faisant une incursion au royaume du non-sens.