Книга: Boll H. «Die verlorene Ehre der Katharina Blum»

Die verlorene Ehre der Katharina Blum

Производитель: "DTV"

ISBN:978-3-423-14605-0

Издательство: "DTV" (2017)

ISBN: 978-3-423-14605-0

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BÖLL (H.)

BÖLL (H.)

Écrivain et citoyen allemand «à part entière», Heinrich Böll a reçu pour son œuvre abondante, traduite en trente-cinq langues, de nombreux prix (dont le prix du Groupe 47, le prix Büchner, le prix de la Tribune de Paris et le prix Nobel de littérature en 1972) et a été président du Pen Club international de 1971 à 1974. Ses écrits (romans, nouvelles ou essais) sont indissociables de son expérience amère du national-socialisme et de la guerre, de ses rapports difficiles avec l’Église catholique de son pays, de ses désaccords avec la société ouest-allemande, enfin et surtout, de son amour de l’écriture.

Catholique sincère, mais peu docile, homme de gauche, mais indépendant, Böll ne s’oppose pas à ce que l’on parle d’«anarchie» à propos de son message, si ce terme signifie toutefois «s’éloigner de la troupe» pour rester fidèle à l’homme, et si l’on y adjoint celui de «tendresse». Écrivain engagé certes, il refuse de laisser enfermer cette notion dans le jeu d’une simple contestation politique. Il faut plutôt chercher l’origine de son engagement dans l’interrogation permanente de l’écriture «inconsolable» devant l’état du monde. Le terreau d’où surgissent les événements détermine l’objet de cette interrogation, mais le préalable est existentiel et humain. Cette obligation de traiter d’une question, parce que l’on ne peut échapper à telle ou telle interrogation, c’est la «morale du langage», dit Böll. L’écriture, de par sa fonction mystique, son pouvoir d’incarnation, sa liberté absolue, sert un idéal humaniste et chrétien qui veut sauvegarder, jusque dans ses aspects extrêmes de marginalité, de déchéance, l’autonomie, l’authenticité de l’homme. Ainsi son œuvre se présente-t-elle, par-delà la distinction des genres, comme un processus continu d’écriture, tendant à réaliser un programme «d’esthétique de l’humain» – défini dans les Conférences de Francfort (Frankfurter Vorlesungen , 1966) –, dans un climat où le pessimisme se libère dans l’humour, où l’espoir, réfugié dans la tendresse et l’humilité, regroupe, autour des choses simples de la vie, l’impossible communauté humaine et sociale.

Catholique et rhénan...

Dans les essais Sur moi-même (Über mich selbst , 1958) et Trois Jours en mars (Drei Tage im März , 1975), Böll évoque sa naissance, le 21 décembre 1917, à Cologne, et son appartenance à un milieu petit-bourgeois. Son père est maître ébéniste. Élevés dans une foi catholique rigide, ses parents lui donnent cependant une éducation familiale et religieuse tolérante, libérale. «C’est ce libéralisme qui a renforcé ce qui était religieux en moi», affirme-t-il. Son premier souvenir est le retour de l’armée vaincue de Hindenburg, étirant vers les ponts sur le Rhin ses longues colonnes grises. Dans le faubourg de Raderberg, où l’inflation de 1921 a exilé la famille, il trouve, dans la rue, ses camarades de jeu parmi les fils des «rouges». L’ascension du parti national-socialiste sous les effets de la crise économique de 1930, l’arrivée de Hitler au pouvoir s’illustrent pour lui par deux événements: en novembre 1933, six communistes sont décapités à la hache dans la prison Klingelpütz de Cologne, et l’Église catholique signe le 10 juillet un concordat avec l’État hitlérien. Cependant, le lycéen Böll, qui ne s’engage pas dans les Jeunesses hitlériennes, se livre, grâce à un professeur courageux, à des exercices de contraction de textes sur Mein Kampf : «Je savais, dit-il, ce qui nous attendait.» C’est, en effet, après l’enrôlement dans le S.T.O. qui, en 1938, interrompt l’apprentissage en librairie commencé à Bonn, celui dans la Wehrmacht à l’automne 1939, alors que l’armée allemande entre en Pologne.

«Où étais-tu, Adam? – J’étais à la guerre.»

La guerre interrompt ses premiers essais littéraires, qui resteront inédits, et la lecture des écrivains dont il se sent proche: Hebbel, Kleist, Dickens, Dostoïevski, Bloy, Mauriac et Bernanos. Fantassin et soldat de première classe, Böll connaît les garnisons de Pologne, les fronts de France et de Russie, les hôpitaux de Roumanie et les dangereuses péripéties de la désertion. Fait prisonnier par les Américains, puis libéré en novembre 1945, il retrouve à Cologne Anne-Marie Cech, qu’il a épousée en 1942 et qui lui donnera trois fils. Plongé dans des études de germanistique, il travaille aussi dans l’atelier de menuiserie de son frère et au bureau des statistiques de Cologne. Il ne vivra librement de sa plume qu’à partir de 1951. Comme celle de Wolfgang Borchert, son œuvre est d’abord littérature de la guerre et des ruines (Trümmerliteratur ). Les premières short stories de 1947 où l’on sent l’influence de Hemingway, réunies ensuite sous le titre La Mort de Lohengrin (Wanderer, kommst du nach Spa... , 1950), le premier long récit en prose, Le train était à l’heure (Der Zug war pünktlich , 1949), et les trois romans suivants, Où étais-tu, Adam? (Wo warst du, Adam? , 1951), Rentrez chez vous, Bogner (Und sagte kein einziges Wort , 1953), Les Enfants des morts (Haus ohne Hüter , 1954), concentrent leur thématique autour de la «monstrueuse machinerie d’ennui sanglant». Tragique alibi de la responsabilité déléguée, la guerre substitue au principe de la réalité un ordre absurde et inhumain. C’est aussi le cortège de la misère, du marché noir, de la solitude, le désarroi du retour, les difficultés de la réadaptation. La reconstruction de l’Allemagne, le redressement économique creusent encore le fossé entre victimes et profiteurs, amènent l’établissement d’une société «restaurative», et Böll considère comme «manquée» la «grande chance» qu’aurait représentée pour son pays un recommencement à partir d’une alliance marxiste-catholique.

Le goût amer de la satire...

Plaidoyer pour les purs, les idéalistes, les inadaptés, réquisitoire contre les opportunistes oublieux du passé et soucieux de réussite, tel apparaît le roman ambitieux, à la technique faulknérienne, Les Deux Sacrements (Billard um halbzehn , 1959) où les «agneaux» sont opposés aux «buffles»: bâtisseurs, banquiers, hommes politiques, nazis reconvertis. Ce caractère ne disparaîtra plus de l’œuvre, même si le manichéisme n’est pas toujours aussi évident et si le ton varie, allant de la satire incisive et mordante dans La Collection de silences du D r Murke (Doktor Murkes gesammeltes Schweigen , 1958) au style direct, agressif, visant à l’effet, des Essais, critiques, discours (Aufsätze, Kritiken, Reden , 1960-1967), ou de la méditation poétique douce-amère du Journal irlandais (Irisches Tagebuch , 1957) pour aboutir au sourire grinçant et douloureux du clown dans La Grimace (Ansichten eines Clowns , 1963). Moderne Thésée abandonné par Ariane, dans le labyrinthe du «catholicisme politique allemand», Schnier n’est plus relié que par le téléphone à un monde légal et institutionnalisé où l’on ne reconnaît plus à l’amour sa valeur de sacrement. Ce «Candide» malade, ce «bouffon» triste choisit la «rue» pour y chanter et mendier. Le divorce moral avec l’Église et la société est ici ressassé dans un soliloque; les leitmotive créent un climat morbide; l’humour a un goût de fiel. Résignation? Déchéance et défaite? Commencement de libération? Le doute subsiste. Faut-il donc se garder Loin de la troupe (Entfernung von der Truppe , 1964) pour être et demeurer homme?

Poésie et résistance...

Fin de mission (Ende einer Dienstfahrt , 1966) présente l’acte commis par les Gruhl, père et fils, qui ont incendié la jeep de la Bundeswehr avec laquelle ils devaient accomplir une mission de pure forme, comme un happening libérateur. À partir de ce roman, la critique de Böll, prenant appui sur la liberté de l’art et le pouvoir explosif d’action qu’il recèle, s’oriente vers une démarche plus active. Böll intervient directement à propos de la guerre du Vietnam, des procès d’écrivains en Union soviétique, des lois d’exception, de l’affaire Baader-Meinhoff: De la difficulté de fraterniser, écrits politiques (Schwierigkeiten mit der Brüderlichkeit, politische Schriften , 1973-1976); Engagement souhaitable (Einmischung erwünscht , 1977). Sa notoriété s’accroît encore avec la parution de ses romans, où la figure de la femme passe au premier plan. Portrait de groupe avec dame (Gruppenbild mit Dame , 1971) est-il la somme des éléments thématiques rencontrés jusqu’ici? L’auteur, retranché derrière un rôle volontairement anonyme et administratif, collectionne les témoignages et reconstitue, par approches successives, la vie de Leni Gruyten, porteuse de cinquante années d’histoire allemande. Malgré cette technique difficile, rappelant celle de Heimito von Doderer, Böll donne une présence envoûtante à son personnage qui n’apparaît effectivement qu’à la dernière page du livre. Survivante d’un monde aux mutations tragiques, fidèle au souvenir de son amour pour un prisonnier russe victime de la guerre, mais fidèle aussi à sa propre sensibilité, Leni, par son authenticité, redonne couleur à un univers privé d’âme. Un embryon de société, formé des éléments les plus défavorisés et les plus marginaux, se regroupe, comme pour poser devant l’objectif, autour du couple qu’elle constitue finalement avec un travailleur turc immigré. Les femmes, la politique et Bonn en arrière-plan sont les acteurs du dernier roman, mélancolique et résigné, de Böll, Femmes devant un paysage fluvial (Frauen vor Flusslandschaft , 1985). L’amour est aussi rédempteur et subversif dans L’Honneur perdu de Katharina Blum (Die verlorene Ehre der Katharina Blum , 1974). C’est l’œuvre la plus engagée de l’écrivain. Brève, conduite comme un procès-verbal, elle traite de la naissance, de la violence et de la trahison du langage. Celui-ci, asservi au pouvoir de l’argent, utilisé par la presse, devient un moyen de manipuler et de violer les consciences. Entre ce langage travesti et celui simplement humain de Katharina, accusée d’avoir, par amour, aidé un révolutionnaire à s’enfuir, toute communication est rompue. Seul un acte violent, l’assassinat de l’un des journalistes responsables, lui permettra de venger son honneur. Derrière l’actualité du sujet, on retrouve le problème essentiel et constant du langage, de sa puissance, de ses devoirs. Les mots font la politique et parfois même «tuent ». Mais c’est aussi par le langage que l’écrivain peut critiquer et condamner la politique. Chargé d’une force mystique comparable à celle d’un sacrement, le langage peut agir sur le cours des choses. Ce qui lui impose d’être vrai, c’est-à-dire en totale adéquation avec le message qu’il délivre. Seul «reste» d’absolue liberté, sa mission est nécessaire et doit être partout respectée. «Comment, dit Böll, dans son discours de remerciement pour l’attribution du prix Nobel (Essai sur la raison d’être de la poésie [Versuch über die Vernunft der Poesie , 1973]), nous passer [...] de ce reste, que nous pouvons appeler ironie, poésie, Dieu, fiction ou résistance?»

Источник: BÖLL (H.)

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