Книга: Gary R. «La nuit sera calme»

GARY (R.)

GARY ROMAIN (1914-1980)

Né en Russie, moitié tartare et moitié juif, Romain Gary a commencé à s’illustrer, durant la Seconde Guerre mondiale, comme aviateur français au sein de l’escadrille Lorraine. Son courage et sa puissance physique lui valurent d’être décoré de la croix de la Libération. À partir de 1945, Gary devient secrétaire d’ambassade et voyage en Bulgarie, en Suisse, aux États-Unis, en Bolivie avant de travailler pour les Nations unies et d’entrer, dès 1967, dans le cabinet de Georges Gorse, ministre de l’Information dans le gouvernement de Georges Pompidou. Mais, derrière cette façade très officielle d’un Gary devenu le porte-parole de l’Hexagone à l’étranger, derrière les images volontiers caricaturales d’un homme baroudeur et drôle, il y avait un écrivain forcené.

Éducation européenne , son premier livre, lui vaut, en 1945, le prix des critiques. Suivent Le Grand Vestiaire , Les Couleurs du temps et surtout Les Racines du ciel , ouvrage pour lequel il reçoit en 1956 le prix Goncourt. Mais le livre qui le fait accéder à la notoriété internationale reste La Promesse de l’aube (1960), roman dans lequel Romain Gary raconte son enfance russe, polonaise, puis française, et où il fait le portrait, avec un inoubliable talent, du personnage central de sa vie qu’est sa mère, femme passionnée et flamboyante, idéaliste et exigeante. Kierkegaard avait son «écharde»; Gary a sa «dette». Dette morale, qu’il remplira dans la vie, et à laquelle il sera fidèle dans son œuvre multiple, où il ne cesse de se montrer un témoin vigilant de son époque. Gary, dans ses livres (Chien blanc , 1970; Au-delà de cette limite votre ticket n’est plus valable , 1976; Clair de femme , 1977), cherche davantage l’émotion que l’originalité. Il n’hésite pas à exploiter les thèmes banalisés: la montée de la barbarie dans le monde, la victoire de la technicité sur la vie, jusqu’à son dernier livre, Les Cerfs-volants (1980), où l’amour se montre plus fort que toutes les embûches de l’histoire. Très publique, l’œuvre de Gary est coulée dans une langue claire, aérée, énergique comme dans certaines pages d’Hemingway et inspirée comme dans celles d’un Kessel. L’écrivain va droit au but, pour atteindre à coup sûr son lecteur.

Reste l’énigme Émile Ajar, et les quatre livres que Gary publia sous ce pseudonyme: Gros Câlin , 1974; La Vie devant soi , 1975; Pseudo , 1976; L’Angoisse du roi Salomon , 1979. Histoire de déjouer la critique, histoire aussi de succomber à la fascination du recommencement et de créer enfin une fiction si parfaite qu’elle engloberait jusqu’à son auteur.Romain Gary se suicide en 1980. En 1981, un court texte, Vie et Mort d’Émile Ajar met fin à la mystification, qui ne résout qu’en partie les nombreuses questions que pose ce cas de dédoublement littéraire.